mercredi 26 octobre 2016

Toussaint ou tous cinglés ?

Pourquoi associe t-on la Toussaint et la fête des morts ?
Si c’était parce que nous étions déjà tous morts ! Enfin des morts-vivants suivant à la lettre notre destinée à consommer dans un monde ou tous nos moindres faits et gestes sont  réglés d’avance comme du papier à musique funèbre…
Nos dirigeants, élus par des méthodes de vote crapuleuses qui n’ont rien de démocratiques, forment une caste ou la corruption est légion comme l’évasion fiscale est étrangère. Cette oligarchie très compétente dans l’art d’appauvrir les pauvres et d’enrichir les riches, dont ils font tous partis sans exception, vous demande de leur donner la gestion de votre vie. Ils s’occupent de tous, soyez tranquilles ! Depuis votre naissance ou vous devez déjà 30000 euros, pour une dette soit disant publique qui n’a pourtant enrichi que des banquiers privés, jusqu'à votre mort ou vous n’êtes même pas libre de transmettre à vos enfants, le fruit d’une vie de labeurs sans payer votre dime au roi appelée, frais de succession. Et entre ces deux épisodes malheureux, vous ferez gentiment ce qu’on vous dira de faire. Vous irez travailler plus pour payer plus de crédits et surtout plus d’impôts directs et indirects. Pour ne pas vous donner à réfléchir, vous serez trop occupés à lutter pour survivre, vous courrez comme un poulet sans tête pour payer vos factures, votre carburant, vos alcools, vos cigarettes, même l’alimentation, l’eau, la santé seront aussi royalement taxés par les ploutocrates qui sévissent à la tête de cet état unique de droit de payer.
Vous aurez droit (plus pour longtemps) à deux jours de repos hebdomadaire, enfin repos est un bien grand mot car il vous faudra pendant ces jours, travailler dans votre prison dorée ou maison si vous préférez, vous devrez tondre votre pelouse, tailler vos arbres, traiter vos mauvaises herbes, réparer tout ce qui ne va déjà plus et surtout racheter d’autres babioles chinoises à l’obsolescence programmée que les modes vous imposeront, faire le ménage, les papiers administratifs, les courses, laver la voiture…etc … et enfin, dans le temps qu’il vous reste,  vous pourrez enfin vous détendre en regardant la télévision qui occira vos derniers neurones encore valides après votre semaine d’aliénation.
Dans ce train qui mène en enfer, il n’y a pas d’arrêt, vous devrez aller jusqu’au terminus, c’est à dire  perdre votre vie pour essayer de la gagner. Vous n’aurez plus la capacité de vous révolter, encore moins le courage et encore plus la trouille alors, vous ferez ce qu’on vous dira de faire. Jacques à dit : Pousser votre caddie, Jacques à dit : consommer, Jacques à dit : Allez voir votre femme avec des fleurs et un resto pour lui dire que vous l’aimez, Jacques a dit : En mai, ton muguet, tu offriras et en décembre tu auras ton treizième mois… ah non, ça ce n’est pas Jacques qui l’a dit, vous êtes viré !
La Toussaint n’échappe pas à cette règle, on vous ordonne, une fois l’an, d’avoir une pensée pour des personnes d’outre tombe mais surtout d’aller leur offrir des chrysanthèmes sous peine d’être l’opprobre familial. Honte à vous qui refuserez d’honorer un défunt, on ne plaisante pas avec l’argent … je veux dire avec la mort !
C’est quoi un mort M’sieur ?
C’est un corps en décomposition enfermé dans une caisse en bois qui vaut son pesant d’or avec des poignées en laiton, ce minerai qui devient rare alors qu’on en enterre 60000 tonnes pas an juste aux USA ! Le tout scellé dans un caveau en béton pour être certain que la nature ne récupère pas le phosphore des os, source de vie qui se raréfie également….
Moi qui pensais naïvement qu’honorer la mémoire d’un proche disparu était tout simplement de continuer à vivre en se remémorant à l’occasion, les bons moments passés ensemble et cela toute l’année et pas seulement le jour de l’hypocrisie nationale ou du défilé aux cimetières des faux culs en potée !
Ma mémoire est un lieu de recueil, pas les cimetières couverts de fleurs sacrifiées sur l’autel de la croissance économique, ces vitrines pathétiques de l’exploitation Humaine et de la production intensive de plantes chimiques responsables de la maltraitance et de l’empoisonnement de la planète, ce monde bien vivant, lui dont on ferait mieux de s’occuper de toute urgence. La Toussaint est une hérésie collective ou les morts-vivants visitent leur prochaine demeure en respirant à pleins poumons les molécules de chez Monsanto, Basf, Bayer, Scott… qui alimentent, déjà au quotidien, leurs cancers. Mais peu importe, votre conscience est intacte, vous pouvez retourner à vos travaux forcés pour mettre un peu d’argent de coté car bientôt le beaujolais Nouveau arrive puis Saint Nicolas, Noël, Nouvel an, l’épiphanie, la saint Valentin, les soldes, le tiers prévisionnel, les assurances voitures, habitation, portables, vie, décès, responsabilité civile, dégât des eaux, crédits... la routine quoi, cette course folle qui vous donne l’impression d’exister par l’achat du moindre caprice à la mode imposé par ceux qui dictent votre vie…sagement orchestrée.
Personnellement, je garde mon argent pour les vivants et non pour les morts qui n’attendaient rien d’autre que leurs mémoires soient honorées et non leur tombe de béton gris et de marbre glacial.
Les chrysanthèmes sont des fleurs magnifiques qui poussent en toute liberté, gratuitement, sauvagement et qui fleurissent du printemps à l’hiver alors pourquoi réduire cette merveille de la nature à un simple produit commercial d’un jour, ces mutantes toxiques programmées pour éclore le jour J du profit maxi et mourir aussitôt, tel un athlète dopé qui s’effondre une fois passé la ligne d’arrivée. Depuis six mois, mon jardin sauvage arbore fièrement tout un panel de fleurs que la nature m’a offert gracieusement, ce sont des chrysanthèmes oui. Ils symbolisent la vie pour moi, la vie libre et sauvage, l’espace naturel non pollué chimiquement mais aussi non pollué par des mascarades consuméristes et impostures sociétales, n’en déplaise à certains et je trouve que ce jardin est un excellent lieu de recueil permanent qui ravive dignement la mémoire des disparus qui m’étaient chers…